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Le fret fluvial en crise !
Les bateliers belges protestaient avec sang froid ce mercredi 5 mai …
Contrairement à ce qui avait été annoncé, les grands axes du réseau belge des voies
navigables n’ont pas été bloqués. Les bateaux ont circulé sans entrave, mais certains mariniers ont
tenu à faire connaître leur mécontentement et les difficultés financières auxquelles ils sont
contraints de faire face.
S’étant regroupés à Liège, face au Palais des Congrès, les bateliers ont exprimé leur colère
en utilisant de manière intempestive leurs sirènes et en déployant des banderoles dénonçant les
conditions financières insupportables dans lesquelles ils sont actuellement forcés de travailler !
L’objectif de cette manifestation est de dénoncer le niveau anormalement bas des tarifs
auxquels sont proposés de plus en plus de voyages pour le transport fluvial de marchandises,
obligeant de plus en plus de bateaux à naviguer en dessous du seuil de rentabilité ! Ce mouvement a
été précédé, ces dernières semaines, d’un mouvement de ras-le-bol similaire exprimé pour les mêmes
raisons par de nombreux bateliers français.
Déjà mis à mal par la crise économique mondiale qui a fait s’écrouler la demande en
transports de marchandises et chuter les statistiques du trafic fluvial à travers toute l’Europe,
les bateliers belges se disent actuellement obligés de travailler à perte face à la concurrence
déloyale des voisins néerlandais. Nombre de nos bateliers sont ainsi entraînés dans une spirale
infernale : revenus insuffisants, difficultés à rembourser les traites, surendettement et, au bout
du tunnel, faillite et cessation d’activités … Alors même que la plupart de nos transporteurs
fluviaux ont développé leur entreprise sur une base financière saine.
Le problème, ou en tout cas une partie du problème, semble venu du Nord : en proie à d’i
mportants problèmes de liquidités, certains mariniers hollandais ont dû céder leurs bateaux –
ultramodernes – de gros tonnage aux banques détentrices de leurs dettes. D’après les organisations
représentatives de la batellerie belge, ces dernières, ainsi que certains bureaux d’affrètement
néerlandais, n’hésitent pas à se rabattre sur des transports de marchandises de moindre volume,
autrefois réservés à des unités belges et françaises, de dimensions plus modestes. Et dans un
contexte de crise, elles cassent les prix dont le niveau atteint des planchers extrêmement bas.
Pour faire face à la situation, les bateliers belges revendiquent une revalorisation des
frets vers des niveaux raisonnables et une concertation avec les pouvoirs publics.
Ce jeudi 6 mai, une réunion de crise s’est tenue entre les représentants du secteur de la
batellerie et le Secrétariat d’Etat à la Mobilité. La Région wallonne y était présente. Pour faire
face aux demandes du secteur, l’autorité fédérale a expliqué les mesures proposées dans un projet
de loi en cours d’examen. Elles visent pour l’essentiel à empêcher la prestation de transport
fluvial à des prix anormalement bas (c'est-à-dire ne couvrant pas les charges minimales légales).
Il a également été proposé que le Gouvernement belge se manifeste dans ce dossier à la faveur de la
Présidence belge de l'Union européenne.
Enfin, notons que la Commission européenne convoquera une réunion de crise du secteur d’ici
la fin mai. Là aussi, la Belgique sera présente pour tenter de soutenir la batellerie.
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